Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 27 octobre 2014
Biodiversité

Barrage de Sivens : un rapport très attendu

La forêt de Sivens, dans le Tarn, où le conseil général souhaite construire un barrage, sera-t-elle le nouveau Notre-Dame-des-Landes ? La question se pose après les violents affrontements qui ont émaillé le week-end. Hier, la situation s’est tendue un peu plus après l’annonce de la mort pour l’instant inexpliquée d’un jeune manifestant de 21 ans. Dans le même temps, les conclusions d’un rapport d’experts assez critique sur le projet de barrage ont commencé à circuler dans la presse.
Le projet qui, depuis des mois, est combattu par les associations écologistes et la Confédération paysanne de José Bové est un barrage permettant de constituer un lac artificiel de 48 hectares, entre Lisle-sur-Tarn et Gaillac. Il ne s’agit pas d’un barrage pour la production hydroélectrique mais d’une retenue d’eau permettant aux agriculteurs de bénéficier d’un apport pour l’irrigation, dans un département souvent frappé par la sécheresse et un déficit hydrique chronique. Voilà pour les arguments des partisans du projet.
Côté opposants, on pointe le fait que la création du lac va noyer une zone humide et que le déboisement d’une partie de la forêt – qui a commencé le 1er septembre – va détruire l’habitat d’une centaine d’espèces protégées d’animaux. En outre, les écologistes qui combattent le barrage soutiennent que les agriculteurs qui vont en bénéficier pratiquent une agriculture intensive, bien trop gourmande en eau. Derrière ce conflit se cache aussi l’antagonisme entre petits paysans et gros exploitants de maïs, les premiers accusant les seconds de pomper l’eau à leur seul profit.
C’est donc l’impasse entre les deux camps. D’abord initiée sur le terrain juridique – France nature environnement, entre autres, a lancé des procédures pour tenter de casser les arrêtés préfectoraux permettant le lancement des travaux – la bataille s’est déplacée sur le terrain : occupations de chantier, militants enchaînés aux arbres, manifestations de rue à Gaillac comme samedi, lorsque 2 000 personnes ont défilé dans le calme, et maintenant affrontements entre certains opposants violents et les forces de l’ordre.
Dans ce contexte, le rapport commandé en septembre par Ségolène Royal à deux ingénieurs généraux des eaux et forêts est très attendu. S’il n’a pas encore été rendu public, l’AFP en a obtenu une copie et a révélé ce week-end que les deux spécialistes se montrent fort critiques face à un projet « surdimensionné », au financement « fragile »  et doté d’une étude d’impact « de qualité très moyenne ». Toutefois, les auteurs du rapport, selon l’AFP, jugent qu’il est à présent difficile d’arrêter le chantier « compte tenu de l’état d’avancement des travaux et des engagements (…) pris avec la profession agricole ».
Dans l’attente des résultats de l’autopsie du jeune homme décédé ce week-end, la tension reste très vive, malgré les appels au calme du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2